Ce site regroupait l'ensemble des événements qui se sont déroulés de septembre à décembre 2002 sous le label Transimages européennes. Des expositions, rencontres, symposium, présentations d’artistes avaient été organisés dans quatre villes européennes : Stockholm (Suède), Saint-Ouen (France), Biella (Italie) et Vienne (Autriche). Par ce site, auquel contribuaient les quatre structures partenaires du projet, nous voulions créer un sens commun.
Le thème de ce numéro recouvrait des problématiques actuelles sur le statut de l'image à une ère de diffusion maximale de l'information. Aujourd’hui l'image est devenue le moyen de représentation et de communication le plus répandu ; stimulée par une surenchère de nouveautés elle domine le monde technologique et médiatise le rapport social entre les humains.
En prenant pour fil conducteur l'image numérique nous traversons plusieurs espaces d'activités qui s'expriment à travers elle. Que ce soit l'espace publique, l'espace politique, audiovisuel ou virtuel, les images qui y sont produites représentent les désirs, les opinions, les injonctions, les actions, les faits ou les valeurs de ceux qui les traversent. Représentations de plus en plus spectaculaires et instables car produites par des entreprises travaillant quasiment à flux-tendu en synchronisation avec les courbes d'audience, de satisfaction et de profit.
L'ambition de Transimages européennes est de confier à des artistes et à des chercheurs, le soin de nous donner à percevoir la fabrique de ces représentations par et pour les structures qui médiatisent et orientent l'activité humaine sociale. En ce sens, l'image est un éloquent miroir de la façon dont une société vit ses modes d'identification et ses capacités d'altérité mais ce miroir peut également déstabiliser, déformer, fausser les rapports de l'être au monde. En constatant l'impermanence des images numériques, leur instabilité, leur dématérialisation dans le virtuel et leurs possibilités combinatoires on en vient à s'interroger sur le sens que peuvent prendre dans notre société occidentale les notions d'identité et d’individu.
Puisque les spécialistes s'accordent sur la nécessité de mettre en place de nouveaux outils conceptuels pour décrypter les créations du numérique nous proposons par ce site un certain nombre de matériaux pour expérimenter et penser l'évolution des systèmes de représentations et de communication. Les quatre partenaires de l'opération se sont connus par leur site web respectif et ont tout naturellement échangé leurs idées et stratégies par le courrier électronique avant même de se rencontrer physiquement. L'apport venant de [a] : nous entraîne à réfléchir à la modélisation des structures du pouvoir politique, alors que Springerin fait directement appel à une conduite politique des artistes. Synesthésie montre comment le champ artistique concurrencé par les productions industrielles de l'info-loisir s’oriente vers de nouveaux modes de relation à l'image tout en dévoilant les dispositifs contemporains de mise en scène du monde. Enfin la déterritorialisation et la désubjectivisation induites par l'internet inspirent à Undo le choix de pratiques artistiques redonnant un sens aux modes de créations communautaires.
Le site créé par Synesthésie avec l'apport des partenaires offrait des entrées croisées par artistes, par théoriciens et par structures. On pouvait y commander le CD-Rom html (gratuit) ou les sérigraphies de Missing, la pièce d’Edouard Boyer. Beaucoup de liens donnaient des informations supplémentaires qu'il ne fallait pas hésiter à explorer.
Anne-Marie Morice