Si certaines productions vidéo trouvent parfois leur matériau en se réappropriant des paquets d’images mécaniquement enregistrées par des caméras de surveillance, cela n'a finalement jamais de conséquences fâcheuses pour le réalisateur.
Le processus mis en place par Raphaël Boccanfuso pour la réalisation de cettte image de contrôle radar est lui bien singulier, certainement unique même dans la longue histoire de l'image d'art.
Ce n'est pas exactement la qualité esthétique de ce document qui prime, mais sa valeur de témoignage d'une transgression volontaire juridiquement validée. Celle-ci engage non seulement en partie la responsabilité de l'institution artistique commanditaire de l'action : le Fonds Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon, (il faut saluer ici le courage et l'audace d'Ami Barak) qui a réglé le montant de l'amende mais aussi celle de l'artiste qui a pénalement été condamné (perte d'un point sur son permis de conduire).
Cette image-témoin banale à l'esthétique fonctionnelle involontaire n'a pu exister que par la collaboration prévue mais fortuite d'un artiste, d'une institution artistique validant la totalité de l'action comme oeuvre d'art digne d'intéret (dont l'image serait la trace "spectaculaire" vers laquelle converge l'ensemble de l'action) et enfin et surtout d'un système de surveillance placé en situation d'opérateur anonyme représentant symboliquement la société (de contrôle!) dans son ensemble.
Bruno Guiganti